Le développement osseux du cheval

19 Janvier 23

Les fondements de l'ossification

Aujourd'hui, l'ossification du cheval est un sujet maîtrisé, mais malheureusement pas assez connu des professionnels de la filière. Dans cet article, nous étudierons la croissance osseuse du cheval.

Aurore DEFIENNE , Ostéopathe pour animaux, explique le principe de l'ossification :

  • La croissance des os longs après la naissance est permise par le cartilage de conjugaison/croissance.
  • Il va créer de la matrice osseuse entraînant une élongation de l'os . Ce cartilage se trouve au niveau des plateaux épiphysaires (entre le diaphyse et les épiphyses).
  • La croissance osseuse est stoppée par un contrôle hormonal et le cartilage de croissance est remplacé par l'os.


Cet arrêt de croissance des os ne se fait pas dans n'importe quel ordre dans le corps du cheval. Ce sont d'abords les os près du sol qui vont s'ossifier (les phalanges...) puis on terminera par le garrot et la première cervicale.

Un travail trop précoce ou trop intense chez le jeune peut altérer le bon développement de ses os. Il faut donc adapter le travail en fonction de son âge.



Le Docteur BENNETT, vétérinaire aux USA casse les idées reçues et précise également les éléments suivants :

Tous les chevaux de toutes les courses, se développent à la même vitesse du point de vue du squelette.

Si un cheval de 2 ans et demi n'a pas atteint la maturité, ce n'est pas parce qu'il appartient à une race tardive ou à un individu qui se développe lentement. Cela n'existe pas d'un point de vue squelette. Aucun cheval sur la terre, de n'importe quelle race, à n'importe quelle époque n'a jamais atteint sa maturité avant l'âge de 6 ans (plus ou moins 6 mois).

Donc par exemple, le quater horse n'est pas une race précoce, pas plus que l'arabe est une race tardive. Leur squelette se développe de la même manière. Cette information peut paraître choquante pour beaucoup de gens qui pensent que débourrer leur cheval sous la selle à 2 ans est ce qu'ils doivent faire à cause de sa race ou de son apparente maturité.

Cela demande également une clarification quant à ce que j'appelle maturité.

Quand est-ce que le squelette du cheval atteint sa maturité ?

A peu prés tout le monde a entendu parler du cartilage de croissance et répond généralement beaucoup que les cartilages de croissance se manifestent quelque part dans le genou du cheval (en fait, ceux que les gens connaissent se manifestent en dessous du radius-ulna juste au dessus du genou).

Ce que les gens ne réalisent pas c'est qu'il y a des cartilages de croissance de chaque côté de chaque os, en partant du derrière du crâne jusqu'au bassin où il y a de multiples cartilages dus aux différents angles.

Est-ce que cela veut dire que vous devriez attendre que tous les cartilages de croissance se soient ossifiés avant de monter votre jeune cheval ?

Non, mais plus vous attendez, moins vous prenez de risque !

Les propriétaires et les professionnels doivent réaliser qu'il existe un agenda d'ossification défini et facile à retenir. Ensuite, décider quand monter le cheval sur la base de cette connaissance plutôt que de se fier à son apparence, car certaines races, comme le quater horse, ont été conçus de manière à ce qu'ils paraissent plus mâtures qu'ils ne le sont en réalité.

Cela défavorise ces chevaux soit par ignorance du processus d'ossification ou parce que les gens préfèrent suivre leurs croyances (en vue de la compétition par exemple)

Quels sont les exercices à proscrire d'office ?

Jusqu'à 4 ans :

  • éviter de mettre du poids sur le dos, surtout pour de longues périodes
  • éviter de sauter des obstacles
  • éviter le travail dans des sols lourds : jarrets pas formés
  • éviter les changements de direction brusques, favoriser les lignes droites
  • éviter les flexions forcées (on ne parle pas d'assouplissement mais de forcer l'encolure dans une position, également la méthode qui consiste à attacher un jeune cheval à moitié sauvage et de le laisser se débattre)

Que peut-il arriver de grave si on ne respecte pas ce timing ?

D'abord, on peut provoquer des écrasements de certains cartilages qui n'ont pas encore fusionnés dans les membres. (Ceci dit, cela peut tout aussi bien se produire en cas de « simples » surpoids du cheval).

On risque également d'abîmer le dos de notre monture. En effet, comme dit plus haut, le poids est supporté par les plaques de croissance des vertèbres de façon parallèle à celles-ci, ce qui risque fort de causer un « glissement » (ou déboîtement) de certaines vertèbres. Mais là encore, c'est peu fréquent avant 6 ans.

Un autre risque, nettement moins visible mais avec des implications tout aussi handicapantes, est encore d'un autre ordre. Le jeune cheval sait, par ressentiment et par instinct, que porter un poids sur son dos le met en danger physiquement. En peu de temps, il saura exactement ce qu'est une selle et ce qu'implique le fait que vous le montiez. Mais, il vous aime sera plus sage que vous donc il ne permettra pas cette situation.

Mais il ne la fera pas bêtement, à l'encontre de sa nature profonde qui est de survivre, donc lorsque vous mettrez le pied à l'étrier, il prendra des mesures pour se protéger.

Exactement les mêmes que celles que vous pensez pour anticiper l'arrivée d'un poids lourd sur votre dos : il raidit les muscles de sa ligne du dos, et pour l'aider à le faire, il devra aussi raidir ceux de ses jambes et retenir son souffle (raidir son diaphragme). Il est donc tout, sauf détendu !

Au plus tôt vous choisirez de monter votre cheval, au plus tôt il prendra ces mesures (car il se serait physiquement incapable de porter le poids qu'il s'apprête à recevoir sur le dos), et plus souvent vous le monterez étant jeune, plus vous renforcez la nécessité pour lui de répondre de la sorte dans cette situation.


Sources :

Aurore DEFIENNE, Ostéopathe pour animaux :  https://auroredefienne-osteoan...

Dr BENNETT, vétérinaire USA :   https://alter-equus.org/quel-p...